Chaque communauté conserve ses usages particuliers dits « minhaguim », voici exposés quelques-uns d’entre eux, encore observés dans notre Synagogue.
Le Chabat
Arvit
Chaque vendredi soir l’usage est de chanter le Chant de « Bar Yoh'ai » selon un air spécifique différent de celui récité pour les circonstances tristes.
Ecouter le chant dans la rubrique Liturgie constantinoise.
Il est également d’usage d’ajouter le passage « Echet H’ail mi Imtza... », texte extrait du livre des Proverbes (Kétouvim / Michlé).
Cha'harit
Les Chabat où l’on sort deux Séfarim, il est d’usage avant que les Séfarim passent parmi l’assistance des fidèles, de réciter le passage « Véata Kouma ». Autrefois, chaque synagogue avait sa variante de ce passage, aujourd’hui cet usage est conservé dans notre Synagogue et se récite selon le texte suivant :
Il est possible d’écouter ce passage dans notre rubrique Liturgie constantinoise (cf. l'enregistrement du paragraphe "Cha'harit de Chabat" par le 'Hazan Adolphe ZERBIB - Zal, à la sortie de la Loi).
Le Chabat 'Hatan (qui suit le mariage, selon la coutume séfarade), il est d’usage de sortir un second Séfer Torah et d’y lire le passage « Avraham Zaken » en alternance avec la traduction en araméen qui figure dans le Pata'h Eliyahou. Pour écouter ce passage, consulter l'enregistrement "chabat 'hatan" du paragraphe Cha'harit de Chabat de notre rubrique Liturgie constantinoise.
Roch Hachana et Yom Kippour
Cette période du début d'année est de grande ferveur, ponctuée d’une qualité remarquable des offices, qui ajoute un supplément d’âme à la prière. Elle débute par les Séli'hot (prières de supplication) d’abord en petit comité, puis avec de plus en plus de fidèles au fur et à mesure que Roch Hachana approche.
Les dernières heures avant Roch Hachana sont l’occasion de rassembler toute la communauté et de finir avec un avant-goût de la sonnerie du Chofar et de poursuivre avec un buffet agrémenté des traditionnels Sfenj (beignets à l’huile) qui récompensent celles et ceux qui ont fait l’effort de se lever tôt.
Les offices de fêtes se poursuivent pour atteindre leur point d’orgue avec Yom Kippour où les ministres officiants vêtus des habits blancs de fête conduisent l’office de manière solennelle et sous l’écoute religieuse des fidèles rassemblés pour la circonstance.
Tout d'abord l'office de Kol Nidrei débute, on sort tous les Sifrei Torah avant que nos 'Hazanim et le Rabbin entonnent le chant du "Kol Nidrei" (lu à trois reprises comme le veut la tradition).
Le Chéma de Arvit et de Cha'harit est chanté par les ministres officiants avec toute l'assemblée.
A Cha'harit, lors de la sortie de la Loi, on récite le passage « Véata Kouma » avant que les Séfarim ne passent dans l'assemblée.
Le Séder Haavoda (pendant l'office de Moussaf de Yom Kippour) est le temps fort de la journée et les fidèles se laissent porter par la voix de nos 'H'azanim et du Rabbin. L’usage à la Synagogue des Tournelles est de rajouter dans le courant de la journée de Kippour quelques paragraphes issus du petit recueil intitulé « Ma'hzor Katane » édité par le grand-père de notre fidèle et administrateur Paul Attali, le Rabbin Yossef Renassia (zal). Nous constatons chaque année avec plaisir que de nombreux fidèles ont conservé ce livre et qu'ils continuent à chanter ses extraits avec les ministres officiants.
Chaloch Régalim (les 3 fêtes : Souccot, Péssa'h et Chavouot)
Arvit des 3 fêtes
A Yom Tov des 3 fêtes, l'office se structure de la manière suivante, sauf le Chabat où on commence par mizmor lédavid, puis on chantera lékha dodi avant de dire :
Psaume 92, à partir de tov léhodot
Psaume 93
Piyyout de yom tov : la’hèm yéguéhé ou lahad aromimh’a ou péoulot èl (au choix), cf. plus bas
Barékhou
Chéma
Bénédictions post Chéma
Amidah de fête à voix basse
Psaume 114 si Péssa'h ou Autre Psaume sinon : chir hamaalot lédavid
Alénou léchabéa’h
Yigdal
Cha'harit de Yom Tov
L’usage est d’ajouter un Piyout avant "Nichmat", c'est Chéfal Roua'h, cf. rubrique liturgie pour écouter le Piyout.
L'usage est d'ajouter un Piyout avant le demi-kaddich qui précède Barékhou. C'est Kol Mahallal, cf. rubrique liturgie pour écouter le Piyout.
Péssah'
Dans le Constantinois, cette fête est associée à la Haggada du Grand Rabbin de Constantine Sidi Fredj Halimi (zal). Cette Haggada est riche d’un commentaire qui s’était démarqué à l’époque car il tissait une passerelle entre le récit et le monde moderne afin de le mettre à la portée de l’assistant. Ce commentaire est lui-même un enrichissement de la Haggada de son propre père Abraham Halimi dit Sidi Baha. Cette Haggada est intitulée « Lo Amout Ki éh'ié », « Je ne mourrai point, mais je vivrai et je raconterai les œuvres de l’Eternel » (extraits des Psaumes de David 118 et 117). C’est là le sens profond de cette fête de transmission où les anciens continuent à être présents via la transmission qu’ils ont effectuée et afin de la perpétuer. Chacun est censé revivre comme le veut l’usage la sortie d’Egypte comme si il y avait assisté lui-même. Pour répondre à cette obligation, c’est sans doute la raison pour laquelle un riche commentaire a été développé afin d’éclairer le message du récit et que chacun puisse en capter une part d’intelligibilité et se sentir comme lui-même étant sorti d’Egypte. Enfin, la Haggadah était aussi traduite dans la langue locale, ladino, yiddish et à Constantine en judéo Arabe, pour que tout le monde soit au courant de la sortie d'Egypte.
Ecouter la Hagada en judéo-arabe interprétée par Henri Levy dans la rubrique Liturgie constantinoise.
Ci-dessous la 1ère page de la Hagada du Grand Rabbin Sidi Fredj Halimi :
Fin de Souccot et de Péssah'
Les derniers jours de Souccot et de Pessah’, qui concluent une période de retrouvailles familiales, d’intensité et de ferveur, les derniers versets du Hallel sont récités sur l’air de l’adieu des musiciens, chanson du Malouf Constantinois qui concluait un concert avant que les musiciens se retirent. Ce morceau est interprété avec émotion par le grand Chanteur Raymond Leyris accompagné de son beau-frère Sylvain Ghrenassia (jadis fidèle de la Synagogue des Tournelles) au violon Alto.
La traduction du morceau à l’origine de l’air mêle des sentiments partagés, à la fois la joie de s’être retrouvés puis le moment de la séparation et enfin la joie qu’il y aura à se retrouver…
Notre ami le Grand Rabbin Honoraire René Guedj qui officiait dans les Synagogues de Sarcelles et du Val d’Oise nous en donne un extrait dans le magnifique CD sur « Les Psaumes de Constantine » qu’il a enregistré avec André Taieb, Yohan Bismuth et Ylane Zerbib avec le soutien de la Fondation du Judaïsme Français. Ci-dessous la pochette de ce CD :
Ecouter l’extrait ici.
Sim'hat Torah
Pour Sim'hat Torah, il est d’usage d’installer en regard de l’Arche Sainte qui renferme les Séfarim, trois fauteuils symbolisant les 3 H'atanim dont le H'atan Beréchit et le H'atan Torah, chaque fidèle vient volontiers s’y assoir quelques instants au cours de la matinée. L’office est à cette occasion réalisé par les jeunes petits fidèles de la synagogue et donne lieu à la lecture sur plusieurs Séfarims répartis dans la synagogue afin qu’absolument tous les fidèles puissent monter à la Torah, ensuite les jeunes enfants s’abritent collectivement sous le talit du Rabbin. Enfin la lecture de Beréchit symbolise la fin des fêtes et la reprise du rouleau sacré à son commencement.
Entre Péssa'h et Chavouot : la période du Omer
Pendant cette période, on lit aux Tournelles les Pirké Avot (Maximes des Pères) lors de de la Séouda Chlichit le Samedi après-midi. Cela donne lieu à la traduction de chaque paragraphe de manière à ce que chacun puisse comprendre le texte et s’imprégner de ses enseignements.
Chavouot
Les 10 commandements « Matan Torah » (don de la Torah) : c’est l’association d’idée qui vient immédiatement à l’esprit lorsque l’on évoque la belle fête de Chavouot, d’abord avec la lecture du chapitre de la Torah qui s’y rapporte, lu avec le Taham Elyon (Haut) ensuite parce qu’aux Tournelles la Synagogue a conservé l’usage de lire la dissertation homilétique du Rabbin Saâdia Gaone sur le décalogue. Cette dissertation et sa traduction en judéo arabe eut en Algérie un retentissement considérable tant était importante parmi les fidèles l’aspiration de bien assimiler les commandements divins. Une première édition de ce texte fut traduite par le Rabbin Isaac MORALI (Zal, en 1913, alors qu’il était Directeur honoraire du Talmud Torah d’Alger) et, dès l’édition de 1935, ce texte fut complété d’une préface élogieuse du Grand Rabbin EISENBETH (Zal, Grand Rabbin d’Algérie). Ce texte constitue un commentaire d’une page ou deux de chacun des 10 commandements. Après la lecture de la Torah, 5 Commandements sont chantés, en judéo arabe, le premier jour, 5 commandements suivent le second jour. A Constantine, chacun des 11 oratoires et synagogues de la ville comportait ses 10 lecteurs et les fidèles s’y pressaient pour écouter leurs magnifiques voix. L’usage et la bonne entente entre les communautés faisait que les plus hautes autorités du culte musulman se déplaçaient également à la synagogue pour la circonstance pour les écouter. Aujourd’hui quelques fidèles ont conservé la maîtrise à la fois de l’air et du texte, ils perpétuent ainsi la tradition.
Ecouter le 7ème commandement chanté par le Ministre Officiant Lévy Yossef de Constantine, accompagné par Raymond Leyris et Sylvain Ghrenassia, cf. page Liturgie constantinoise.
Lag Baomer
A la synagogue des Tournelles l’usage est d’allumer des bougies, mais aussi des veilleuses en mémoire de Rabbi Chimon bar Yoh'ay et Rabbi Méir Bar Al Haness mais aussi de tous les Rabbins disparus du constantinois et d’Afrique du Nord ; si vous avez l’habitude d’allumer pour un Rabbin que vous souhaiteriez honorer et que nous n’avons pas, nous nous ferons un plaisir/devoir de l’ajouter pour vous à notre liste.
Les trois semaines redoutables (Ben hamétzarim)
Au cours de ces trois semaines l’usage est de lire la Haftara selon un air particulier lent et empreint d’une certaine tristesse en souvenir de la destruction du Temple.
Nous vous proposons d’écouter l’une de ces haftarot (la haftara H'azon) lue par le rabbin Abner Nacache père de l’un de nos fidèles et Rabbin de la Grande Synagogue du Midrach à Constantine.
Les Milot
Pour la Brit Mila, il est d’usage aux Tournelles d’ajouter deux chants qui sont contenus dans le petit recueil de Daniel Renassia : El Yakchiv Lekhol Tahanounai, Eine devar hasdi.
Ecouter ces passages chantés par notre h'azan Adolphe Zerbib (zal) sur notre page Liturgie constantinoise.
Les Téhilim : le livre des Psaumes de David
Ce livre qui fait partie des Hagiographes (Kétouvim) est lu à l’occasion lors de toutes les circonstances, joyeuses ou tristes. Pour rappeler la mémoire de leurs chers disparus, les fidèles ont l’habitude de faire célébrer un office en leur souvenir. A cette occasion des Psaumes sont lus et lorsque les familles y sont restées attachées, la lecture se fait selon le rite constantinois qui demande une connaissance précise du texte, de la sonorité et de la cantillation qui alterne de manière subtile les modes de la musique orientale Malouf et suscite l’émotion de l’assistance présente.
Pour une lecture des Téhilim dans la plus pure tradition constantinoise, écoutez Jeannot ATHLAN (zal) qui fut un fidèle des Tournelles pendant des nombreuses années, connu et reconnu pour sa parfaite maîtrise des psaumes. Sa voix a d’ailleurs servi de doublure à l’acteur Jean Benguigui dans le film du Grand Pardon avec Roger Hanin.
Pour écouter les psaumes, rendez-vous sur la page Liturgie constantinoise.